Le Festival TV de Luchon dont la 17e édition se tenait du 4 au 8 février dernier a été l'occasion de découvrir le meilleur des créations télévisuelles du moment, en matière de fictions et de documentaires avec de nombreuses projections inédites.
Car à Luchon, au cœur des Pyrénées, la télé prend de la hauteur et atteint parfois des sommets !
Une édition 2015 ambitieuse et innovante
Les documentaires rejoignent la sélection
Pour la première année à Luchon, le festival s'ouvre aux documentaires et inaugure ainsi une nouvelle section.
Un choix de Serge MOATI, le Président du Festival, pour qui les documentaires reflètent l'excellence du savoir-faire français en matière de création télévisuelle : « Le documentaire est un genre créatif, vif, où notre pays et ses créateurs brillent au zénith. Les documentaires nous interpellent et nous ouvrent sur le monde. Les nôtres sont considérés parmi les meilleurs du monde ! ».
Les documentaires étant très peu représentés en France lors de festivals, on ne peut que saluer cette belle initiative permettant à ce genre télévisuel majeur d'être mis à l'honneur. On espère cependant en découvrir davantage l'année prochaine (on dénombrait seulement 7 films documentaires en compétition sur cette édition 2015).
Du coté du palmarès, le Pyrénées d'Or du meilleur documentaire a été attribué au film « Un baptême du feu » par un jury présidé par Tonie MARSHALL. Ce documentaire signé Jérôme CLÉMENT-WILZ s'intéresse aux premières expériences de guerre de jeunes photoreporters.
Une programmation exigeante et éclectique
Pour cette 17e édition, près de 20 remarquables fictions étaient en compétition avec toujours une large domination des unitaires.
Si l'année dernière, les polars dominaient largement la sélection, les fictions en compétition cette année ont été particulièrement diversifiées : « Cette édition 2015 aborde par exemple l'univers des aveugles (Les yeux ouverts ) ou celui du football (Virage Nord). On note également la présence de fictions romantiques et un retour des films historiques » souligne Claude CORET, Présidente de l'association Festival TV Comminges Pyrénées qui organise chaque année le festival.
D'autres séries innovantes se sont fait brillamment remarquer comme « Chefs », une fiction sur le monde de la gastronomie portée par Clovis CORNILLAC (actuellement diffusée sur France 2) et plébiscitée aussi bien par le public que par les professionnels puisque la fiction a obtenu une mention spéciale du Jury ainsi que le « Prix de la Meilleure Série » décerné par le public en salle.
La fiction la plus ambitieuse revient à Arte avec « Intrusion », une mini-série qui mêle habilement les registres du fantastique, du thriller et du drame psychologique en racontant l'histoire d'un pianiste renommé dont la vie bascule suite à l'apparition d’hallucinations sonores et visuelles.
Cette série a décroché le Pyrénées d'Or de la Meilleure Série (voir notre podcast consacré à cette fiction).
Un prix du film d'animation pour 2016 ?
Après les documentaires et afin d'élargir encore plus la sélection, Claude CORET envisage de créer une nouvelle section pour récompenser aussi les films d'animation : « C'est un projet qui nous tient à cœur mais pour avoir autant de sections que toutes celles que l'on souhaite, il nous faudrait une salle supplémentaire ».
Serge MOATI: « On note une perméabilité de plus en plus importante entre cinéma et télévision »
La distinction entre cinéma et télévision n'a plus lieu d'être aujourd'hui selon Serge MOATI :
« Il n'y a plus de frontière poreuse, étanche, entre la télévision et le cinéma. De plus en plus ça s’interpénètre »
Ce n'est donc pas un hasard si le Festival TV de Luchon n’hésite pas à nommer des cinéastes renommés comme Présidents de Jury Fiction : « Cette année, on a le plaisir d'avoir comme Président du Jury Fiction Pascal THOMAS ; c'est le 3ème réalisateur de cinéma qui préside une édition du Festival TV de Luchon après Claude CHABROL et Claude LELOUCH... » précise Serge MOATI.
Les grands noms du cinéma - qu'ils soient scénaristes, réalisateurs, producteurs ou comédiens- sont en effet de plus en plus nombreux aujourd'hui à se tourner vers la télévision pour s'adonner notamment au genre sériel.
C'est par exemple le cas de Cédric KLAPISH (L'Auberge Espagnol, Paris) qui vient de réaliser « 10 % », une nouvelle série pour France 2 sur le milieu des agents artistiques.
Dan FRANCK : « Je développe pour Netflix une série où l'on me demande d'être transgressif »
Durant le Festival, NewsTele.com est allé à la rencontre de Dan FRANCK, membre du jury Fiction sur cette 17e édition.
Romancier et scénariste de télévision à qui l'on doit notamment la saison 1 de la série « Les Hommes de l'ombre » sur France 2 ou la mini-série « Resistance » sur TF1, Dan FRANCK développe actuellement « Marseille », la toute première série hexagonale de Netflix annoncée comme un « House of Cards » à la française dont le tournage débutera en juin.
Durant notre entretien (vidéo ci-dessus), il nous livre son point de vue sur la fiction française actuelle à la télévision et évoque sa collaboration avec Netflix, un nouvel espace de créativité moins cloisonné que les chaînes classiques de télévision qui devrait permettre l’émergence de nouvelles narrations.
Mon cinéma sans image, un voyage au cœur de notre imagination
Le voyage cinématographique imaginé par le compositeur Jean MUSY et développé par Anne-Marie DAVID (MAD Productions) au travers de « Mon cinéma sans image » est pour le moins déroutant.
Ce concept innovant propose une séance de cinéma sans image où nous sommes plongés dans le noir total, à l'écoute des mots et musiques de Jean MUSY.
Le film se déroule alors dans la tête du spectateur par le prisme de son imaginaire.
Lors du Festival, nous avons pu découvrir « Un mariage à Lyon », un film de 38min d'après la nouvelle éponyme de Stefan ZWEIG, écrivain autrichien du début du XXème siècle.
Des émotions créatrices d'images
Les images, absentes à l'écran, naissent à foison dans l'esprit du spectateur par le biais de nos émotions : « Le propos de ce concept est de nous obliger, par une introspection et par un espace de recentrage sur nous-mêmes, à aller rechercher très profondément les émotions par le lâcher prise. Et ce sont ces émotions qui par nos acquis et notre culture déclenchent des images. Avec 20 personnes, on va avoir 20 films différents. C'est ça la magie de Mon Cinéma Sans Image » nous explique la productrice Anne-Marie DAVID.
Une expérience où s'expriment nos perceptions
Avec ce dispositif, le spectateur se retrouve en récollection avec lui-même, perd la notion du temps et s'évade dans un univers qui réveille ses sens : « Avec le temps, on a perdu l'habitude de revenir chercher toutes les images qu'on a en soi et qui sont générées juste parce que à un moment donné, par l'écoute, des stimulations se passent et un mécanisme se déclenche, ce qui provoque des perceptions sensorielles... Vous ressentez alors tous les climats, toutes les ambiances, odeurs et saveurs car Jean MUSY vous le décrit musicalement avec une musique originale pour chacun des films de Mon Cinéma Sans Image » souligne Anne-Marie DAVID.
A la chasse aux autographes !
De g à d : Karine, Valérie, Christine et Françoise
« Je viens au Festival de Luchon depuis 17 ans ! »
Le Festival de Luchon est aussi un rendez-vous incontournable pour Valérie et Françoise, deux passionnées de télévision en quête de photos et d'autographes de leurs comédiens préférés : « On vient avant tout pour voir les comédiens, parler de leurs films avec eux et obtenir des autographes ».
Depuis une dizaine d'années, pour aller rencontrer les vedettes, elles courent les principaux festivals de télévision et sillonnent ainsi la France de la Rochelle à Monaco en passant par le Cap d'Agde, l'Alpe d'Huez et Luchon bien entendu !
Elle possède chacune un livre d'or qui contient plus de mille autographes de leurs idoles du petit écran, qui souvent ne manquent pas de les saluer : « Il y en a certains avec qui on échange et qui nous font la bise. Ils se souviennent de nous ».
Hormis les personnes de l'organisation du festival, Françoise est certainement l'une des personnes qui connaît le mieux cet événement puisqu'elle se rend au Festival de Luchon depuis sa création, il y a 17 ans. Elle a vu ce festival grandir, évoluer et c'est toujours avec le même enthousiasme qu'elle revient chaque année : « C'est un festival très convivial et qui a su le rester. On a l'impression que les comédiens et réalisateurs qu'on rencontre sont autant en vacances que nous, ils sont très facile d'accès et il y a toujours une très bonne ambiance ».
Des heures d'attente dans le froid
Pour avoir LA photo ou dédicace avec tel ou tel comédien, Françoise et Valérie sont prêtes à attendre plusieurs heures dans le froid en plein hiver, comme lors du Festival de Luchon : « Ça demande beaucoup de patience mais on ne s'ennuie jamais, on rigole bien entre nous ».
Avec leur reflex numérique à la main, on les confondrait presque avec de véritables photographes professionnels car le goût de la photo, elles le partagent également. Pas question cependant de se la jouer paparazzi, elles demandent toujours très poliment avant de prendre leur cliché.
Un tour de France à la rencontre des comédiens
Pour se rendre chaque année dans ces manifestations de télévision, cela demande une certaine organisation. Valérie et Françoise posent ainsi des jours de congé et s'y prennent parfois plusieurs mois à l'avance pour louer un appartement, souvent avec d'autres amies qui partagent la même passion : « On essaie généralement de se regrouper car on se connaît de festivals en festivals et on est devenue amies » nous précisent-elles.
Les festivals de télévision sont aussi l'occasion pour elles d'aller découvrir de nouvelles villes et régions en France: « Grâce aux festivals, on découvre des endroits où l'on ne serait pas forcément allé en vacances. En général, on vient deux ou trois jours avant le début des festivals afin de pouvoir profiter aussi du cadre, visiter ou aller à la plage comme lorsque l'on va au Festival TV de Monaco en juin ».
Retrouvez également nos podcasts sur le 17e Festival de Luchon :
- Podcast #1 avec Serge MOATI, Pascal THOMAS et Claude CORET
- Podcast #2 avec la comédienne Marie KREMER
- Podcast #3 spécial « Intrusion » (Arte) avec Frédéric AZEMAR, Quoc DANG TRAN et Marie KREMER
- Podcast #4 spécial Fiction TV avec Thierry Moreau