Les Européennes, des élections qui ne passionnent pas non plus les télévisions

Les grandes chaînes de télévision françaises ne diffuseront pas le débat entre les candidats à la présidence de la Commission européenne, relégué sur internet et les chaînes parlementaires, se limitant peu ou prou à la même couverture qu'en 2009 de cette élection mal aimée des Français.

Les pétitions, les protestations de députés européens, de sénateurs français et même de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, ou du Conseil supérieur de l'audiovisuel n'y ont rien changé.

Le premier débat de l'histoire entre les candidats à la présidence de la Commission européenne, qui aura lieu le 15 mai à 21H00, ne sera pas diffusé sur une grande chaîne française.

La France n'est pas la seule dans ce cas. Aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ou en Allemagne, ce même programme sera aussi relégué sur les sites internet (Francetvinfo en France) ou les chaînes parlementaires (Public Sénat ou LCP Assemblée nationale) ou d'information (i-Télé).

Pour expliquer ce choix, impensable pour un débat à l'élection présidentielle, France Télévisions explique que "comme c'est un sujet qui dépasse les frontières, on peut toucher davantage de monde comme cela".

"Aux Pays-Bas, la situation est identique. Les télévisions publiques européennes se foutent royalement du débat. C'est un très mauvais signal!", s'exclame Stefan de Vries, reporter néerlandais basé à Paris et vice-président de l'association Europresse qui réunit les journalistes travaillant sur les questions européennes.

"C'est vrai que ce débat n'est pas très sexy mais il faut prendre conscience que ces élections sont très importantes, bien plus que les législatives françaises, car le vrai centre du pouvoir, c'est Bruxelles, pas l'Elysée ou Matignon", ajoute-t-il. "Contrairement à ce que les politiques et les médias nationaux veulent faire croire."

- Faire oeuvre de pédagogie -

Si ce débat et, plus généralement, les sujets européens sont souvent considérés comme techniques ou peu attrayants pour le grand public, les médias peuvent pourtant faire oeuvre de pédagogie, juge Nora Hamadi, présentatrice des émissions Enquête d'Europe et Europe Hebdo sur Public Sénat.

"Il faut arrêter de dire que l'Europe, c'est compliqué. Quand on parle de choses intelligibles et concrètes, on se rend compte que les problématiques sont les mêmes partout et que les questions que l'on aborde intéressent beaucoup", déclare-t-elle à l'AFP.

Pourtant, en dépit de la polémique sur le débat, qui n'avait pas eu lieu il y a 5 ans, et de l'abstention massive attendue pour ces élections (autour de 60%), la plupart des chaînes ont un dispositif de couverture des élections européennes similaire à celui de 2009, et même un peu plus important pour France 2.

La chaîne phare du service public organisera en effet deux soirées en "prime time" en plus de la soirée électorale (une de plus qu'en 2009). TF1 prévoit, comme en 2009, une soirée électorale courte d'environ une heure, en confiant la plus grosse couverture à sa chaîne d'info LCI. De son côté, Arte ne prévoit aucun "prime time" mais trois secondes parties de soirées les 20, 25 et 27 mai, ainsi qu'une série d'entretiens dans le magazine "28 Minutes".

Sur France 3, le 26 mai, un "Grand Soir/3 spécial" en direct de Bruxelles analysera les résultats. France 3 présentera aussi le 20 mai à 22H25 des débats avec les candidats têtes de liste dans les sept circonscriptions métropolitaines. Jusqu’au 17 mai, des débats intitulés "La voix est libre spécial Européennes" sont proposés par 10 antennes régionales.

France Télévisions s'insurge contre les critiques l'accusant de négliger les élections: "Il serait injuste, inacceptable que si demain les Français boudent les urnes aux européennes, l'on dise que c'est la faute de France Télévisions, alors que nous en faisons davantage qu'il y a 5 ans", a fait valoir le directeur de l'information du groupe, Thierry Thuillier.

Au soir des précédentes élections européennes, le 7 juin 2009, ces soirées électorales avaient, selon les chiffres de Médiamétrie, rassemblé en moyenne plus de 4 millions de téléspectateurs sur France 2, 1,5 million sur France 3 et 6,2 millions sur TF1.

Suivez l'actualité médias avec newstele sur twitter, Facebook et Google+
AFP
Crédit Photo : Le plateau de France 2 lors des résultats des Européennes, le 7 juin 2009 à Paris - afp.com -